"C'est beau MAIS c'est triste !"
Voilà la critique que j'entend souvent à propos de mes compos. Comme si l'appréciation d'une musique devait être liée à une échelle de divertissement joyeux (gai=bien / triste=pas bien).
A cela je n'ai jamais su quoi répondre jusqu'au jour où je tombe sur un très chouette bouquin d'Armand Méliès (chanteur français). Dans cet ouvrage ("Un beau siècle de légende" Ed. La machine à cailloux), Armand Méliès décrit son processus de création et s'explique sur la mélancolie de son univers musical.
En voici un extrait :
"L'utilisation du mode mineur et de tempos relativement lents n'a pas obligatoirement pour but de faire pleurer dans les chaumières et peut, de manière assez paradoxale, susciter chez l'auditeur des émotions agréables et évoquer d'étonnants lieux de ressourcement. De fait, la mélancolie, si souvent décriée, est pour moi un levier très utile lorsqu'il s'agit de forcer certains coffres-forts, certaines malles à fabulation et de se libérer de la sujétion de l'utile et du tout cartésien. La mélancolie est pour moi un état plutôt désirable, auquel je m'abandonne la plupart du temps avec un certain plaisir. Et il me paraît assez curieux de voir qu'un sentiment comme le vague à l'âme est aujourd'hui considéré comme négatif, inutile et malsain.
Non seulement je trouve bien plus déprimante la joie factice et édulcorée qu'on nous sert à tant de sauces, mais je ne comprends pas pourquoi on assimile sans aucune nuance mélancolie et idées noires. le spleen baudelairien, pour prendre un exemple connu de tous, rend plutôt heureux, me semble t-il. Le livre de l'intranquillité m'enchante, Patrick Sébastien me terrifie."